Esprit voyageur 1


écrit par Frédéric Chelli

 


Je n’avais presque pas dormi de toute la nuit, tellement l’excitation de


commencer ce nouveau travail était forte. Comme la plupart de la population, je


suis polyvalent donc travaille où la demande se fait sentir. Mais pour ce job là,


c’était tout autre chose. Aucune qualification technique ou professionnelle


n’était demandée, seule la santé physique et psychologique était prise en compte


donc moi qui suis assez sportif pour un homme de 40 ans, n’a pas eu du mal


pour avoir ce boulot. Une annonce très discrète était passée sur un journal local :


Le CNRS-CERN recrute des volontaires


Si vous êtes en bonne santé physique, psychologique, et que vous vivez seul,


ce travail est fait pour vous.


Pour seulement 4 heures de repos dans notre laboratoire, vous serez payé


pour 1 mois de travail. La science à besoin de vous comme vous avez besoin


d’elle !!!


Je contactai tout de suite le CNRS pour prendre rendez-vous. On me demanda


de venir à la frontière Franco-Suisse, là où se trouve l’accélérateur de particules


de 27km de circonférence construit par des scientifiques dans les années 2010,


il y a de ça une quarantaine d’années, dans le but de recréer un big bang. Mais


durant toutes ces années, le CERN était resté très discret sur les avancées du


projet, ont-ils réussi à recréer un Big Bang, une galaxie ? Un monde parallèle ?


Le jour J est arrivé. Je suis très impatient de savoir quelle sera ma fonction dans


ce grand laboratoire à l’échelle d’une ville. Aussitôt arrivé sur les lieux, on me


fait d’abord signer un contrat de confidentialité avec mon nom écrit dessus


Jack Haoman et un autre papier qui décharge toute responsabilité du CNRS au


cas où un incident se produirait. Les affaires administratives étant réglées,


j’allais enfin savoir ce qui se cachait derrière ces 40 années de recherche auprès


de cet accélérateur de particules, mais je ne me doutais pas un seul instant que


j’allais faire partie intégrante de ce micro cosmos créé par cette machine.


Une petite voiture électrique me mène jusqu’au coeur même de l’accélérateur de


particules, c’était une immense salle ronde d’au moins 10 mètres de diamètre


dont la hauteur des plafonds était d’environ 9 mètres, pleine de techniciens qui


étaient tous occupés à surveiller des écrans géants de contrôle accrochés tout


autour de cette salle. Je remarquai qu’un écran plus grand que les autres,


affichait le chiffre 1,618033988 etc.. C’était le nombre d’or, ce nombre si


mystérieux et au potentiel jusque là non exploité. Au milieu se trouvait une sorte


de gélule en verre transparent de 2 mètres de circonférence et 3 mètres de


longueur dans laquelle on avait pris soin d’installer un matelas blanc. La gélule


s’ouvrit, on m’expliqua que je n’avais rien à craindre, que je devais juste dormir


pendant 4 heures.



Bien sûr on ne m’avait pas parlé de la loi de la relativité, ni du temps qui passe,


est-il le même pour tout le monde ? Je ne savais encore pas qu’à mes dépends,


les scientifiques allaient amener la preuve de la relativité du temps, de l’espace,


et de la vie. Une jolie scientifique me montre une pièce fermée tout en me


tendant une combinaison blanche et en me demandant d’enlever tous mes effets


personnels, de prendre une douche spéciale composée d’air chaud et froid à


haute puissance, qui était très agréable d’ailleurs, et d’enfiler ma combinaison


sans rien en dessous. Je sentais mon coeur s’accélérer par la curiosité de savoir


que d’ici 30mn, je serais dans l’antre de l’expérience. Jamais un instant je n’ai


pensé que cela pourrait être mortel ou irréversible tellement j’étais curieux de


savoir. Je ressortis de la salle en combinaison blanche, j’étais fier, je me prenais


presque pour un cosmonaute alors que je n’étais qu’une souris de laboratoire. Je


me dirige vers le milieu de la salle de contrôle en direction de ce lit en forme de


gélule, ma jolie scientifique m’installe sur le matelas avec un grand sourire en


me disant de ne pas m’en faire, et de faire de beaux rêves. Je ne sais pas


pourquoi, mais cette phrase m’a paru vraiment suspecte. La capsule de verre ou


autre matériau qui y ressemble se referma sur moi, et d’un coup je sentis que


mon corps était plus léger que l’air, mais en vérité je n’étais plus soumis aux lois


de la pesanteur, j’aurai pu voler si j’avais eu plus de 2 mètres de hauteur, mais je


me contentais de me mettre à mi-hauteur plutôt que de rester sur le matelas.


Pendant toutes ces 5 minutes de gravitation, je pensais au fond de moi-même


que déjà j’avais vécu une expérience unique, sans me douter de la suite. Une


vapeur étrange envahissait la bulle de verre, quelques éclairs électriques


surgirent mais j’entendis une voix féminine me dire que c’était tout à fait normal


et que je n’avais rien à craindre, j’étais assez confiant, et m’endormis en sécurité


comme un bébé dans le ventre de sa mère. L’image est d’autant plus précise


qu’en reprenant connaissance, les scientifiques avaient disparu, la bulle ou


j’étais prisonnier avait les parois rouges couleur sang et était remplie d’un


liquide, et miraculeusement je n’étouffais pas dans toute cette eau. Tout d’un


coup l’eau se retira et je vis une ouverture pour pouvoir sortir. En touchant la


paroi avec la tête, je me rendis compte qu’elle était très douce et n’avait rien à


voir avec ma bulle de départ. Les pensées couraient par centaines dans ma tête,


ou suis-je ? Comment dois-je sortir ? Arriverais-je à sortir par ce trou ? Pourquoi


mes idées s’embrouillent ? Je commence à oublier tout ce qui se rattache à ma


vie, je perds mon identité, je craque et je sors par ce petit trou. A l’ instant où je


mets la tête dehors, je me rends compte que je n’arrive pas à respirer et qu’une


lumière aveuglante est braquée sur moi. Je ne sais pas qui, mais quelqu’un s’est


permis de me mettre une claque sur les fesses, et là j’ai commencé à respirer et


à pleurer car je me rendais compte que je commençais à oublier tout mon passé


car je venais de naître. Dès les premières secondes, je compris que j’étais né sur


une planète faisant partie du système solaire créé par l’accélérateur de


particules, ce micro cosmos qui est tellement petit, à l’échelle du quantique qu’il


pourrait être n’importe où, l’oeil humain ou le microscope ne pourraient même



pas les détecter. Je dus accepter ma vie car l’autre s’était déjà effacée de ma


mémoire.


Nous vivions dans une grotte, j’avais plusieurs frères et soeurs qui s’occupaient


de moi et qui veillaient à me protéger. À l’âge de 7 ans environ j’ai commencé à


entendre des voix en dormant, ou à rêver d’un monde totalement inconnu avec


des animaux et des oiseaux en métal, où les gens cachaient des parties de leurs


corps par de grosses feuilles colorées, où les arbres ont été remplacés par de la


pierre, quel est ce monde qui m’attire dont j’ai l’impression de faire partie.


Grâce à mes rêves, je me sentais un peu à part car j’avais déjà de l’imagination


ce qui n’était pas le cas pour le reste de la tribu et en voyant ma famille


s’éreinter à transporter des cadavres de bêtes jusqu’à la grotte sur leurs épaules,


j’eus l’idée de fabriquer la roue. Ce fut vraiment une révolution du point de vue


de l’évolution, car le fait d’avoir inventé la roue, a permis à leur imagination de


commencer à se mettre en marche, et chacun avait au fond de son cerveau cette


étincelle d’intelligence qui commençait à germer. A l’âge de 10 ans, j’entendis


une voix qui parlait une langue inconnue pour mon conscient, mais au fond de


moi je savais que cette langue ne m’était pas inconnue, elle disait «


jakvoumentendé », c’était une voix féminine, douce, je ne sais pas pourquoi,


mais cette voix me donnait l’impression d’être protégé, comme si j’avais mon


ange gardien tout le temps à mes côtés. Je ne sus pas l’expliquer aux membres


de ma famille car notre vocabulaire était très limité. Nous nous servions plutôt


de gestes et d’onomatopées pour communiquer.


Dès l’âge de 15 ans j’étais à la tête de ma tribu, j’avais instauré un vocabulaire


réduit, et le feu n’était plus un secret pour nous. Les hommes et les femmes


pensaient que j’avais un lien direct avec l’au-delà et de ce fait, j’étais devenu


pour eux le chaînon manquant entre eux et les forces de la nature. Etait-ce vrai ?


Tous mes rêves se passaient dans un monde inconnu à ma réalité, les gens


parlaient une langue inconnue, cette phrase qui revient tout le temps dans mes


rêves « jakvoumentendé », que veut-elle dire ? Serais-je vraiment ce lien ? La


croyance d’une force plus intelligente qu’eux a commencé à germer dans leurs


esprits, et depuis, chaque fois que quelqu’un meurt, on pense à lui allant


rejoindre les forces de la nature, la croyance nous a aidés à vaincre la douleur de


l’égoïsme de notre amour. Pour moi ce n’était plus de la croyance, c’était une


conviction. Je faisais souvent les mêmes rêves, une grotte ronde toute blanche


avec plein de soleils ronds en haut, et autant de soleils carrés colorés tous le


long des murs. La grotte devait faire au moins 3 arbres de hauteur et autant et


peut être plus de circonférence, et plein de gens en blanc regardaient ces soleils


carrés. Un homme en blanc flottait dans l’air dans une goutte d’eau ou ce qui me


semblait être de l’eau au milieu de la grotte, il avait l’air calme, serein, je ne sais


pas pourquoi, mais j’avais l’impression de connaître cet homme et tout ce


paysage qui était autour de lui. Le moment le plus frustrant était au réveil car


mon rêve s’estompait petit à petit de ma mémoire et je ne pouvais rien faire pour


le retenir, mais je savais que mon imagination grandissait au fil des rêves. Un


matin j’eu l’idée de faire un vêtement en fil de liane tressé, c’était mieux que la



peau d’un animal qui puait et bien plus léger. Les femmes ont commencé à y


mettre des fleurs, des couleurs, et je sentais que cette évolution se rapprochait


des gens de mes rêves, et j’aimais ça. Le jour où j’ai vu mon fils naitre, je me


suis rappelé d’un rêve que j’avais fait il y a longtemps, j’étouffais, j’étais dans


un liquide, les murs étaient rouges et j’ai plongé la tête la première dans ce trou


de lumière, j’y avais même reçu une claque sur les fesses, ce que je fis d’ailleurs


instinctivement avec mon fils pour qu’il respire. Vis-je mon rêve ? Ou rêve-je


ma vie ? J’ai eu la chance de profiter des dix premières années de mon fils, mais


maintenant je suis gravement malade et je vais moi aussi aller rejoindre les


forces de la nature, ma femme, mon fils, ma famille vont me manquer mais je


sais au fond de moi que le chemin n’est pas fini. Tout le monde est réuni autour


de moi et je vois dans leurs yeux cette impuissance et cette tristesse, ma femme


et mon fils m’enlacent très fort une dernière fois, et leur amour a été si fort que


je perdis connaissance au beau milieu de cette émotion. Je n’arrive plus à


respirer, j’étouffe, j’entends une voix qui me dit, « ne vous inquiétez pas jack,


vous êtes réveillé ». J’ouvre les yeux, je revois ma jolie scientifique qui me


demande si je me souviens de mon rêve ?


« Euh oui quelques parcelles je pense », lui répondis-je


Elle me demanda de lui raconter mes souvenirs, à la fin du récit elle me dit :


« J’espère que la prochaine fois vous rêverez de pharaons !».


Que voulait-elle dire ? Était-ce vraiment un rêve ? Elle me convoqua pour dans


26 jours exactement, en me disant que le monde avait besoin de moi et d’esprits


voyageurs comme moi.


Pourquoi ai-je gardé depuis ma première expérience avec l’accélérateur de


particules, au sein du CERN (Organisation Européenne pour la Recherche


Nucléaire) sous la frontière franco suisse, une intime conviction que ce « rêve »


n’était pas si virtuel que ça ? Aurais-je vraiment vécu 40 ans en l’espace de 4


heures ? Y’a-t-il une femme qui pleure son mari et un garçon qui pleure son


père, sur une planète ressemblant à la terre, au sein de ce micro cosmos créé par


les physiciens du CERN? Auraient-ils créé un monde parallèle ? Cette idée


commençait à me plaire et prenait forme dans mon cerveau. Après 25 jours de


réflexion et beaucoup d’imagination, moi Jack Haoman, le premier homme à


vivre plusieurs vies dans un monde parallèle, étais persuadé que ce job là,


n’allait plus me quitter.


Après ma première expérience, je me souviens que la chercheuse me


dit « J’espère que la prochaine fois vous rêverez de pharaons !», en me précisant


d’être là dans 26 jours exactement et justement ce jour est pour demain. Ou vais-


je naître et qui vais-je être ? Voilà ma question. Je pris un taxi pour la gare, et


m’endormis dans le train qui me menait à ma prochaine mission. À la sortie de


la gare, je vois ma jolie scientifique qui me fait signe en me faisant un grand


sourire, comme elle est belle pensais-je, elle me serra la main d’une manière


moins protocolaire « bonjour Jack, vous allez bien ? Vous pouvez m’appeler


Cathy si vous le désirez ». Une voiture aux vitres teintées nous attendait dix


mètres plus loin. Durant le trajet nous avons longuement discuté sur l’expérience



précédente, et mes questions ont plus ou moins eu leurs réponses. Oui, un


monde parallèle à l’échelle du quantique à été créé. Oui, une planète


correspondante aux critères de la terre existe. Oui j’ai vécu la vie de l’un des


habitants de ce monde. Elle me raconta que le projet Adama a commencé en


2012, mais nous avons dû attendre qu’une planète semblable à la terre


apparaisse, qu’elle soit assez évoluée pour nous pour y aller et c’est le cas


depuis 3 mois. « Jack, vous êtes l’homme des cavernes le plus séduisant que je


connaisse » me dit-elle avec humour, je lui répondi que l’homme des cavernes


était charmé par sa beauté et son intelligence, et que je m’excusais à l’avance, si


la bête qui était en moi devenait parfois un peu trop entreprenante, elle sourit et


me dit tout en ouvrant la portière, « Et voila, nous sommes arrivés au CERN,


rendez vous dans 30 mn en combinaison pour une nouvelle vie. ». Et oui, d’ici


une heure je ne serai plus dans le même espace temporel, une heure passée sur


Terre équivaut environ à dix ans de vie sur la planète Adama. Ce qui veut dire


que, 26 jours de 24heures soit, 624 heures après je retourne là-bas, ce qui donne


environ 6240 ans plus tard ! J’ai hâte de continuer à contribuer à l’évolution de


cette planète, même si je sais que je le ferai inconsciemment, sans me souvenir


d’où je viens, mais qui sait ce que nous réserve l’avenir ? Une mini voiture


électrique m’emmena à mes locaux pour me doucher et me changer. Ma


combinaison blanche vêtue, je me rends à la salle principale pour y retrouver


Cathy et le docteur Samuel Méchache. Ah ce docteur Samuel ! C’était un


homme de 60 ans environ, assez extravagant, un regard souriant, des yeux


pétillants quand il commence à me raconter qu’il était là au début du projet


ADAMA. Il me demande de m’asseoir, en me disant qu’il m’a fait venir


quelques heures plus tôt pour m’expliquer le projet. Enfin j’allais avoir des


réponses concrètes et techniques sur ADAMA. À partir de maintenant tout ce


que je vais entendre est classé TOP SECRET, donc tout d’abord Cathy me


présente un nouveau contrat d’embauche illimité à signer, le docteur m’injecte


une puce électronique dans le corps, me met debout, m’enlace en me


disant « jack bienvenue dans notre monde, ici on se tutoie et tu peux m’appeler


Sam ». J’étais très ému, Cathy m’enlaça aussi en me souhaitant bonne chance, je


savais déjà que le fait d’être là, de travailler avec elle, était déjà un signe de


bonne chance. Sam nous rassembla, Cathy et moi, autour d’une table pour


m’expliquer son projet sur la mission du jour. D’après Sam, je devrais naitre


dans un monde ou l’imagination a beaucoup évolué, donc la croyance aussi. Son


but est d’essayer de rentrer en contact avec moi quand je serais passé de l’autre


coté du vortex, afin d’y cacher la notice de fabrication de ce monde, pour que


cette population puisse par la suite la découvrir, le jour où elle aura acquis une


connaissance suffisante pour déchiffrer ce cadeau, et atteint un niveau de


conscience supérieur. Tu sais, me dit-il, cela fait presque 40 ans que je travaille


avec mon équipe et toutes les technologies de pointe, pour imbriquer le code


génétique de l’humanité de ce micro cosmos à l’intérieur du nombre d’or, pour


ensuite le coder, le tout écrit avec un alphabet de la forme des chromosomes de


cette race. Ce qui veut dire inventer un alphabet écrit pour une langue inconnue,




écrire tout ceci sur un livre, et après tant d’années, le livre final est enfin là, ou


devrais-je plutôt l’appeler, le livre du Commencement.


Il est déjà en vous, me dit-il, grâce à la puce électronique que vous avez dans le


corps. Et oui il m’expliqua que cette puce était déjà en train d’envoyer en


permanence toutes les informations à mon subconscient, vu que seul mon esprit


se déplace et que mon cerveau reste là, je resterai toujours en contact avec son


subconscient, il pourra même servir de tunnel de communication entre les deux


mondes. J’étais ébloui par le savoir et la passion de Samuel durant son


explication, il ressemblait à un enfant passionné, les yeux pétillants, le sourire


aux lèvres, c’était tellement beau de le voir et de l’entendre parler, qu’il me


communiqua sa passion, nous partîmes dans un fou rire, Sam, Cathy et moi à tel


point que les autres scientifiques avaient l’air de se demander si nous étions


normaux ? Peut-être le devenions-nous ?


Sam me montre un grand écran rempli de signes bizarres en me disant qu’il y a


23 signes différents. Chaque signe est une lettre du nouvel alphabet, la 23eme


lettre correspond à la première et la dernière lettre confondues, par exemple pour


l’alphabet Grec ce serait la lettre alpha-oméga. Chaque lettre a aussi une valeur


numérique, chaque même valeur numérique a aussi un lien avec chaque mot


s’identifiant à cette même valeur numérique. En plus de tout cela, il a été utilisé


le même algorithme mathématique qu’utilise leur système sanguin pour


fabriquer les protéines nécessaires à leur vie. Ce qui veut dire qu’en assemblant


simplement les 4 nucléotides de leur ADN d’un certain ordre pour former des


acides aminés, qui eux-mêmes combinés ensemble donneront des protéines,


pour ensuite devenir des molécules, ce même processus de codage a été mis au


point par nos ordinateurs, donc se dit il, le jour où l’homme déchiffrera ce livre,


cela voudra dire qu’il ne cherche plus à tuer et qu’il est résolu à bien se tenir ou


à ne jamais découvrir le secret de la vie. Ceci étant dit, le moment était venu de


joindre l’acte à la parole. Je savais que cette mission allait être d’une grande


ampleur, et que tout reposait sur le lien affectif que nous avions tissé ces


quelques heures passées ensemble. Le fait d’avoir partagé ou ressenti une


émotion avec une tierce personne, le cerveau enregistre de suite ces informations


dans une mémoire à long terme en établissant des liens entre la personne, le lieu


et le sentiment éprouvé et plus l’émotion sera forte, plus le cerveau aura de la


facilité à aller la chercher. Mon subconscient ayant déjà ancré en mémoire Cathy


et Sam, je me sentais plus confiant pour la suite des événements car je savais


que la communication était possible, le « jakvoumentendé » que j’entendais


pendant mon premier voyage en est bien la preuve. Je m’installe dans ma gélule


de verre, sous le regard bienveillant de Cathy. Sam me sourit en croisant les


doigts, et appuie sur le bouton de fermeture du sas. Moi, naturellement, étant


donné que je n’étais plus soumis aux lois de la pesanteur, je me propulse à 1


mètre environ au dessus du matelas dans le vide pour y passer mes 4 prochaines


heures. Une vapeur vint brouiller ma vision et mon esprit, ca y est, je repars.